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Granvillage en reportage – à la ferme du Chapiron avec Claire & Gilles

Dans la catégorie Une journée avec… – Le 13 juin 2022Granvillage en reportage à la ferme du Chapiron En savoir plus

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Enfant, Gilles Hamidi se sentait à sa place dans la ferme de ses voisins. En grandissant, il délaisse son havre de paix pour d’autres horizons. Un jour, il rencontre Claire et ensemble, ils renouent avec la vie à la ferme et les cochons. Nous les avons rencontrés pour Granvillage en reportage.


Gilles et ses cochons à la ferme du Chapiron

La ferme du Chapiron est sur Granvillage



Nous avons retrouvé Gilles Hamidi dans sa ferme et l’avons suivi auprès de ses cochons. Il nous a fait voyager au gré de paysages que seule notre agriculture peut façonner et nous a transportés avec ses mots d’une poésie rare.
« Au départ, on avait cinq hectares et une jument. On s’est dit que ce serait bien de faire quelque chose de tout ça. Alors, on a commencé avec cinq ou six lapins et deux ou trois poules. On a eu jusqu’une centaine de lapins et une soixantaine de poules. Et figurez-vous que nous avons fait la même chose avec les cochons : d’abord deux en 2007, puis dix, puis soixante-dix… C’est ainsi que nous nous sommes installés en 2011 et sommes devenus de vrais éleveurs. »

Il y a Ségolène, Nicolas, Grace, Kelly, Berthe, dont un ongle démesurément grand lui a valu le surnom de Berthe aux grands pieds, et tous les autres cochons qui peuplent la ferme du Chapiron. Le couple a fait le choix d’élever des races particulières pour les garder plus longtemps : porc noir, Duroc et Mangalitza. Dans l’industrie, un porcelet a une durée de vie de cinq à six mois. Ici, ils peuvent aller jusqu’à trois ans pour les cochons laineux.

« On a décidé de ne nommer que nos reproducteurs. C’est plus facile pour la suite. Tous nos cochons ont des traits de caractère particuliers. C’est quelque chose dont on ne peut pas avoir conscience dans l’industrie, avec de gros élevages. Chez nous, ils sont en plein air et peuvent agir librement. On a un rapport spécial avec chaque animal. Ça, l’usine ne le permet pas.
C’est l’un des nombreux avantages du plein air. Un autre, c’est qu’un paysan peut s’installer en plein air avec le minimum : du matériel de récupération, des piquets, du fil, même si aujourd’hui, les systèmes de biosécurité demandent davantage d’investissements. Le plus difficile à obtenir, c’est le foncier. Mais si on a accès à la terre, alors même quelqu’un avec très peu de moyens peut s’installer et être rentable rapidement. Car la demande est là. Les consommateurs ont conscience que nos produits sont différents des produits standards. »

En plein air, les animaux sont libres de se comporter comme en pleine nature. Si les bienfaits sont évidents, les menaces ne restent pas moins présentes.
« Parfois, des renards passent dans les enclos. Ça peut causer des problèmes lorsque les mères les sentent. Une fois, une mère a perçu le danger. Les cochons ne voient pas la nuit. Elle s’est affolée et a fini par piétiner ses petits dans la panique.
On a mis une caméra pour comprendre. Les corbeaux, par exemple, sont de fins stratèges. Pendant que l’un occupe la mère, l’autre s’en prend aux petits en leur crevant les yeux.
Je le dis souvent, la nature n’avance que par ses intérêts propres. Elle ne fait pas de sentiment. C’est comme ça et on ne peut que composer avec. »

Comme de nombreux éleveurs, Claire et Gilles ont appris que si la nature donne, elle peut aussi reprendre. Mais le couple a aussi compris que plus ils donnent, plus ils reçoivent.

« On a des doyens d’une douzaine d’années. Ils ont fait des centaines de bébés. Il faudrait leur décerner la médaille du travail. Certains producteurs font le choix de les emmener à l’abattoir. Nous, nous avons décidé de les garder. Ils en ont bavé, comme nous. C’est à leurs côtés que nous avons tant appris. Nous avons fait des erreurs, des bêtises, mais nous avons toujours eu la volonté de faire mieux après. Par exemple, au début, nous donnions des rations basiques à nos reproductrices. Or, elles ont besoin de davantage de nutriments lorsqu’elles mettent bas et allaitent. Elles ont eu des carences calciques. Nous étions ignorants et avons fait le nécessaire pour nous corriger. Aujourd’hui, nos cochons mangent un mélange d’orge, de blé, de protéagineuses que l’on achète chez un minotier du coin et qui contient du tourteau de colza, de tournesol, de soja sans OGM et des graines de lin.
Nos efforts paient car, il y a peu, nous avons été primés par Gault et Millau pour notre chorizo et notre saucisson. C’est gratifiant. »

Gilles le sait, il est là où on ne l’attend pas. Et quand il raconte son quotidien, au milieu de ses cochons, dans la ferme qu’il aime tant, on comprend qu’il est là et ne devrait être nulle part ailleurs.

« On a beaucoup de chance de vivre ici. Mon père était l’un des rares immigrés à être bachelier. Il nous a passé pas mal de valeurs et parmi elles, la lutte contre le déterminisme social. En France, selon les travaux d’OXFAM, il faut six générations pour s’extraire de sa condition sociale. Moi aussi, je lutte contre toutes les formes de déterminisme.
J’aime la France, notre patrimoine, notre culture. Comment résister à ça ? Je suis ce que je dois être et pas ce que j’aurais dû être. Je respecte toutes les différences du monde. C’est ce qui fait notre richesse. Dès que les gens échangent, leur rapport change complètement. Vous avez certainement lu le petit prince. Vous savez que quand le renard se laisse apprivoiser par le Petit Prince, il devient plus qu’un simple renard. »

Si vous longez le Rhône, n’oubliez pas de vous arrêter à la ferme du Chapiron pour échanger avec Gilles sur ses cochons, sa ferme et le sens de la vie.

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Photos : Gaétan Clément